Les premiers audomarois

 Les premiers audomarois étaient des anciens domestiques de Sithiu, désormais établis, d'autres des paysans immigrés, des serfs fugitis : Liber traditionum sancti Petri Blandiniensis : Des Censitaires de l'abbaye gantoise de Bruges (in Brutgis vico) étaient venus s'installer. Ces marchands internationaux allaient faire la richesse de Sithiu jusqu'à la révolution française !

En 938, Flicwin, nommant l'administrateur du château s'exprima ainsi : praetor ubanus. La Ville de Saint-Omer existait !

Qu'est-ce qu'une ville à cette époque ?

Un château et un marché, une population plus nombreuses et plus dense que dans un village et ne s'adonnant pas uniquement au travail de la terre.

La société audomaroise, par son histoire, était particulière : 

- gens du château ;

- gens des Eglises ;

- gens du marché.

Par son dynamisme économique provoquée par l'arrivée des marchands internationaux, Saint-Omer devint l'une des 7 plus grandes villes de Flandres.

Xème siècle, la lutte de pouvoir pour contrôler Sithiu

 

Baudoin I de Flandres

En 900, Baudoin II de Flandre fait assassiner l'abbé Foulques de Sithiu, alors que Baudoin I avait été inhumé en 879 dans la ville, ayant obtenu des privilèges pontificaux.

Baudoin II de Flandres

Baudoin II (879-918) utilisa habillement les exactions des Normands pour s'accaparer de tout ce qu'il pouvait (honneurs (comtés), fiscs (domaines royaux), terres vagues, terres laissées en friches par des propriétaires absents ...

En effet, presque toute la noblesse de terre était partie, appelée au service des seigneurs.

Après s'être accaré de toutes ces terres, il continua son avancée plus au sud, luttant contre les autres comtes, les autres princes et même le roi. Son fils, Arnoul I, le Grand Marquis, finit par occuper Amiens et Montreuil.

Le Grand Marquis meurt en 965, laissant un petit fils en bas âge, Arnoul II.

Arnoul II meurt en 988, laissant un descendant Baudoin IV.

Ce dernier s'accaparât de l'Artois, l'Ostrevant, la Pévèle, Saint-Vaast, Saint-Amand, Aire et Saint-Omer.

Pour défendre la frontière du sud, il créa les premières châtellenies flamandes dont celle de Saint-Omer en 995. 

Au IXème siècle, Saint-Omer, ville de Prière !

 Au IXème siècle, la prière dominait à Saint-Omer. Un complexe d'Eglise structurait la ville.

En bas, deux monastères :

- Saint-Pierre, prince des Apôtres et protecteur des Francs ;

- Saint-Martin rebaptisé ensuite Saint-Bertin.

En haut de la colline, Sainte-Marie, fondée par l'évêque Omer.

Autour de ces sanctuaires, des oratoires, des chapelles.

Autour de l'abbaye Saint-Bertin, 2 chapelles :

- Celle de la Vierge au nord-est ;

- Celle de Saint-Jean à l'ouest, qui gardait l'unique porte du cloître (claustrum).

De là partait les procession via une voie processionnelle qu'est devenue la rue Saint Bertin.

Après ce départ, la procession s'arrêtait à l'actuelle Eglise Saint Denis, puis un second arrêt à l'ancienne Eglise Sainte Aldegonde, désormais disparue.

Au IX ème siècle, Sithiu qui devint la Ville de Saint-Omer ensuite, n'était pas une ville mais un sanctuaire, rythmé par la prière et la méditation. C'était aussi un reliquaire des corps saints évangélisateurs du VIIème siècle : Sancti Audomari corpus cujus ope auxilio una cum sodali suo Bertino Tarvenicus gubernatur populus.

La fonction donc de Sithiu était la prière continuelle (oratio perpetua) des moines et des chanoines.

Abbaye Saint Bertin

Constitution de la ville de Saint - Omer en raison des invasions normandes ! De Sthiu à Saint-Omer

 De 879 à 900, les invasions normandes sont de plus en plus nombreuses. La création du grand comté de Flandre fixe la fin des temps carolingiens.

Les pirates sillonnent les côtes déjà depuis 810.

Charlemagne organise des flottes à Gand et à Boulogne sur mer.

30 ans plus tard, les normands sont maîtres des mers. Le commerce qui a aidé Sithiu à se développer, havres de paix et de prière, périclite.

Alors que les normands pillent, les francs paient pour la paix, ce qui incite les normands à poursuivre leurs pillages et surtout d'hiverner en France.

Dès 846, Sithiu commence à se fortifier, comme l'indique les Flamands.

En 850-852, les Normands dévastent le littoral (le pays des Ménapiens, le Ternois).

En 859-861, les Normands pillent l'actuelles Sommes et Oise. De nouveau, les Francs achetèrent leur départ, mais les Normands débarquèrent dans l'Iserae Portus visant le riche Ternois, incendiant l'abbaye Saint Bertin une première fois et Saint-Omer aussi certainement. Thérouanne fut détruite et l'évêque demanda son transfert vers une ville moins exposée.

Face à ces invasions, fut décidé de renforcer la défense de la ville. 

Le comte Baudoin, gendre du roi, fit ériger des châteaux refuges.

En 865, les pagenses (gens du pagus) repoussèrent le débarquement des Normands.

Avec cela, le pays redevient riche et l'abbé Foulques (872-882) fit élever atour de son monastère une grande enceinte, enceinte qui ne fut pas achevée lorsqu'en 879, évacuant l'Angleterre, les Normands débarquèrent vers Quentovic pour prendre à revers les défenses côtières.

De 879 à 881, ils pillèrent Courtrai et Gand, mais aussi Reims, Amiens et Saint-Valéry.

L'abbaye St Bertin fut incendiée en 897 et Saint-Omer en 881.

En cette fin du IXème siècle, l'église du Mont Sithiu fut fortifiée par un castellum (levée de terre et d'une palissade formant un rectangle de 2 Ha (100 m x 200 m).

On retrouve la trace de cela dans le plan cadastral (vers le nord son fossé existait encore en 1139 !

Le 18 avril 891, les Normands revinrent, en provenance de Longuenesse (Locus Ecclesiae, Loclesse) et allèrent dans le marais audomarois pour voler les animaux d'élevage.

Le 2 mai, ils lancèrent une offensive sur la fortification qui résista. Saint-Omer serait apparu en songe à la population pour les avertir de la grande menace.

Face à cet échec, les Normands s'installèrent à Louvain.

Le vol de la dépouille de Saint Omer en 843 !

 En 843, la dépouille de Saint Omer fut dérobée par l'abbé Hugues pour l'emmener à Saint-Quentin.

Il n'y eut que peu de résistance, Saint-Omer, n'étant à ce moment là que le saint patron du diocèse.

Pourtant, le peuple Morins se leva et se lança à la poursuite des voleurs et cela en 3 jours.

Au retour de la dépouille à Saint-Omer, un cortège triomphal fut accueilli à Sithiu par le clergé.

Saint-Omer, ville monastique !

 Omer et Bertin, souhaitant vivre dans le silence et la paix, ont choisi Sithiu parce que ce vaste territoire restait inhospitalier, bordé par les marais, par les bois.

Omer avec le roi Dagobert

Adroal, seigneur des marais, leur fournit les terrains pour.

Ainsi, naquirent les abbayes.

Dans le nord de la France, vers 800, peu de populations y étaient installées (35 habitants au km²), quelques abbayes et quelques citées romaines, éteintes, comme Cassel, Arras et Boulogne.

Thérouanne restée rurale, bien qu'ayant un évêque depuis 629-639...

Les moines de l'abbaye St Bertin avaient viabilisé que quelques 300 Ha.

Parmi les abbayes, ont compté Sithiu, Nobiliacus (Saint-Vaast), Elnone (Saint-Amand), Centula (Saint Riquier), Corbie, Ganda (Saint-Bavon) et Blandinium (Saint-Pierre).

Les moines de l'abbaye St Bertin possédaient 14 villae entières et des fragments de 9 autres ainsi que des offices (ministeria), pour atteindre 40 possessions.

Les chanoines de St Omer eux avaient reçu le tiers des domaines de Sithiu, soit 20 villae supplémentaires.

Saint-Omer, carrefour de routes antiques !

 Saint-Omer est née au carrefour de voies romaines :

- La Leulène, qui allait de Thérouanne à la mer, sur les hauteurs ;

- La Chaussée Brunehaut, qui menait de Cassel à Thérouanne par le "pas de Flandre" ;

- La Steenstraet, qui par le gué de Watten, menait de Cassel à Boulogne.

Ce voies, bien conçues pour des véhicules légers, permettait de gravir des pentes pour gagner des plateaux pour être à l'abri des inondations.

A Saint-Omer, les grands chemins partaient des 3 portes de terre ferme :

- de la porte du Brule, par la chaussée créée en travers du Zutbrouck ;

- de la poste Boulnizienne, après avoir passé à gué le Westbrouck, la route de Guines et de la mer, Wissant, Calais (utilisé par les convois de vin) ;

- de la porte Sainte Croix, pour se rendre à Boulogne en franchissant la crète de 200 m et la cuesta crétacée.

A travers le marais, aucune route, dans le monde antique, quelques chemins de halage fragile, où ne pouvait circuler que des brouettes, d'où le métier de bons nombres des ancêtres Hau, Brouckelier !